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Père Jah sur le projet de loi relative à la reconnaissance de la nationalité béninoise aux afro-descendants : « C’est l’aboutissement de tout le travail qu’a fait la Mère Jah »

Pour le Père Jah, Mère Jah a été d'une précieuse contribution dans le vote de la loi relative à la reconnaissance de la nationalité béninoise aux afro-descendants
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Comment la famille Jah a-t-elle reçu l’appel de son retour au Bénin ? Que pense le Père Jah de la décision du gouvernement de Patrice Talon d’accorder la nationalité béninoise aux Afro-descendants qui le souhaiteraient ? La famille Jah va-t-elle solliciter la nationalité béninoise ? De retour de la forêt d’Ahozon vers Ouidah, où une équipe d’Africa Dev News a été à la rencontre du Père Jah, voici les éléments de réponse à ces différentes préoccupations abordées dans cette deuxième et dernière partie de l’entretien exclusif avec le célèbre personnage désormais veuf (suite au décès de Mère Jah).

Africa Dev news: Maintenant qu’elle n’est plus là, auriez-vous aimé que quelque chose se fasse en son honneur par le gouvernement ?

Père Jah: Ah oui ! Faire quelque chose en son honneur, c’est la faire vivre, faire vivre l’évangile qu’elle a prêché. Et là, nous nous adressons à chaque Africain et non au gouvernement ou au président Patrice Talon. Et là, nous interpellons tout le monde, car nous sommes obligés de bâtir ce que la Mère Jah avait toujours dit : il faut bâtir la terre promise, un endroit où quand la Diaspora rentre, elle trouve l’Afrique, de quoi s’habiller et s’alimenter. Mais aujourd’hui, l’Afrique n’est plus à l’heure, il faut qu’on la remette à l’heure. Pour cela, on doit appeler tout le monde. A travers votre canal, nous lançons un appel pour que par exemple, les enfants aient à manger à midi, qu’il y ait des conditions de vie et d’éducation ; pour que l’œuvre de Dieu qu’elle défendait soit perpétuée.

Pour que les œuvres de la Mère Jah soient également perpétuées.

Pas ses œuvres, mais l’œuvre de Dieu qu’elle défendait, la prophétie divine. Parce que les turbulences, tout ce qui se passe aujourd’hui, Dieu l’avait déjà prévu. Il savait que telle créature va faire telle chose. C’est pour cela que le Christ est venu, et la parole s’est manifestée de façon vivante. Il est venu en tant qu’homme habillé de lumière, parce que nous ne sommes pas des noirs, nous sommes habillés de lumière. Il est venu nous dire ce que le Père éternel nous dit : ‘’Moi je suis le verbe réincarné, je ne suis pas venu pour abolir, mais pour réincarner. L’Afrique, aujourd’hui berceau de l’humanité, doit restituer sa flore, elle doit restituer sa faune. Aujourd’hui, on n’a pas à manger. Vous voyez les animaux ? Ce sont nos compagnons. Vous devez gérer cette biosphère, cette nature. Donc nous devons tous être des soldats de la vie, des soldats de Dieu, des serviteurs de Dieu, des prêtres, des ambassadeurs… On doit vraiment servir Dieu sur la terre. Et servir, c’est servir la terre, c’est servir les animaux, c’est leur donner de bonnes conditions pour que l’Orient soit là puisque le centre de l’Orient c’est l’Afrique. C’est là où la lumière du soleil est toujours présente. Mais aujourd’hui, il y a un désordre planétaire.

En Conseil des ministres le 8 mai 2024, le gouvernement a transmis à l’Assemblée nationale un projet de loi qui va accorder la nationalité aux Afro-descendants. Ceux qui souhaiteraient avoir la nationalité béninoise, pourraient l’avoir dès que le projet de loi sera examiné et voté. Qu’en pensez-vous ?

C’est l’aboutissement de tout le travail qu’a fait la Mère Jah. Et je crois que là où elle est, c’est bien. Tout le monde est obligé de regarder vers le haut maintenant. Sur la terre, on doit tous regarder tout ce qui se passe, mais quand on regarde vers le haut, on regarde vers celui qui envoie les énergies pour que chacun, à son poste, puisse accomplir sa mission. Ce sont nos enfants, nous reconnaissons tous que ce sont nos frères, ce n’est pas qu’un président qui le reconnait. Ils appartiennent au continent africain et on doit les restituer parce qu’ils ont été ‘’raptés’’. Tout le monde veut qu’ils rentrent. Et à la maison, on va blanchir notre linge ensemble. Tout le travail qui a été fait jusque-là, c’est pour que les esprits intelligents viennent au-dessus de la sagesse. L’Afrique est un continent où il y a beaucoup de sages. Maintenant, il faut que les sages soient accompagnés avec intelligence parce qu’il faut de l’intelligence aux hommes de bonne foi pour qu’ils agissent dans le bon sens.

Pour vous, cette reconnaissance d’identité à ces Afro-descendants pourrait apporter concrètement quoi au Bénin ?

Ça veut dire que le Bénin a son alpha et son oméga. Nous avons un alpha ici, mais nous n’avons pas encore un oméga qui lui correspond. Il faut un oméga, c’est-à-dire une conclusion pour savoir que nous sommes arrivés quand même sur le plan divin, comme on le dit ‘’au septième ciel’’. L’humanité détient la clé de vie parce que tout ce qu’on fait, que ce soit cultuel, culturel ou naturel, c’est pour que nous soyons dans un bien-être physique, spirituel, culturel pour qu’on trouve le sens de tout ce que nous faisons. Aujourd’hui, il y a des choses qu’on fait comme du folklore. On ne lui donne plus son rôle utilitaire. On ne lui assigne pas vraiment sa totalité, ce qui fait qu’on vit à moitié. On dit qu’on va faire une réjouissance, on va présenter quelque chose à l’esprit divin ou à l’ancêtre divin, on lui présente des choses qui sont déjà erronées. Aujourd’hui, nous voulons des terres où on ne met plus d’engrais, des pesticides ; où on n’est plus en infraction parce que quelque part, le temple de la Mère Jah a été victime de ce choc.

Est-ce que si l’Assemblée nationale arrivait à voter cette loi, la famille Jah va solliciter la nationalité béninoise ? 

Ah oui… Nous l’avons déjà sollicitée. Le président l’a fait, mais il le faut pour tout le monde, tous ceux qui sont volontaires au retour au pays, et qu’on leur dise ‘’soyez les bienvenus’’.

Donc vous voulez dire qu’au niveau de la famille Jah, vous êtes déjà béninois ?

Oui. Nous sommes Africains. Pour nous, Béninois ça veut dire quelque chose. Mais quand tu es Africain, c’est plus englobant. Le Bénin c’est en Afrique. Donc nous avons porté cette identité sur nous d’abord de façon spirituelle. C’est vrai qu’on nous a accordé ce droit géographique. Maintenant, on dit comme hier, ça a été une porte de déportation, il y a un retour annoncé et des gens ont volontairement demandé à être identifiés comme Africains. En fait, quand on reprend son identité, on redevient Africain, on a une certaine liberté d’action, on peut réparer son passé et garantir au moins son avenir.

On va faire un peu d’histoire. Comment avez-vous reçu l’appel pour revenir au Bénin ?

Nous cherchions déjà notre retour en Afrique. Et, nous avions été invités à une conférence des chefs d’Etat au Cameroun en 1996. Et sur place, un Béninois est venu nous voir pour nous dire que s’il nous a envoyé l’invitation de venir à cette conférence, c’est qu’on lui avait parlé de nous en 1993 quand il y a eu la conférence sur la route de l’esclave au Bénin. A cette conférence, il y avait un chercheur de la Guadeloupe qui a dit qu’en Guadeloupe, il y a une famille qui crie haut et fort qu’elle veut retourner en Afrique et que ce sont des gens qui ont l’air de connaître ce qu’ils veulent, et dont la femme (Mère Jah) est née en Afrique. En tout cas, on a parlé de nous et de cette volonté de revenir. Et à ce moment-là, il a eu l’idée de nous inviter à cette conférence des chefs d’Etat. Nous l’avons rencontré et il nous a dit qu’il a un projet sur la construction de la cité de l’humanisme et que pour ce projet, il nous fait une invitation de venir à Madécali au Nord du Bénin. C’est une terre bien qu’on a inaugurée à notre arrivée. Ensuite, on a amené toute notre famille. Donc voilà comment ça s’est passé. Nous cherchions le retour, et le retour se propose parce que quelqu’un a parlé de nous à cette conférence de la route de l’esclave. Donc nous sommes les premiers. Il y avait des gens du gouvernement qui nous avaient accueillis. C’était au temps du président Mathieu Kérékou. Mais la personnalité qui nous avait invités et nous a fait revenir, le gouvernement l’avait accompagné dans le projet. Nous devions continuer le chemin avec celui qui nous a fait revenir mais quand on a continué, il y avait des choses qui ne correspondaient pas à nous, et la Mère Jah a dit ce que vous nous proposez-là ne nous amène pas au but où nous voulons aller. Donc sans se fâcher, on s’est détaché. Nous lui avons dit qu’on va se préparer. C’est pourquoi on a demandé une terre pour aller se préparer. C’est comme ici (dans la forêt d’Ahozon). C’est un lieu de préparation pour rentrer en terre promise. La Mère Jah l’a toujours dit. Ici, on fait le brouillon. Nous avons demandé une terre où nous avons pu exprimer que nous sommes des gens très attachés à la nature. Par exemple, notre alimentation n’est que végétale parce que c’est l’ordonnance originelle, on vit aussi de façon naturelle, on ne consomme pas d’alcool. On a essayé de trouver le mode de vie le plus juste, le plus harmonieux. En tant que chercheurs, il fallait un lieu où on peut s’exprimer et surtout exprimer ce qui va être adéquat à pouvoir rentrer en possession de notre héritage.

Ça fait une trentaine d’années que vous êtes là. Etes-vous satisfaits ? Etes-vous compris ?

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Quelque part on est compris. Mais il y a des tas de contraintes aujourd’hui. N’oubliez pas que cette terre a été aussi colonisée. On a mis des jalons, des barrages à ceux qui revenaient. C’est tout ça que la Mère Jah avait compris, avec une certaine lumière, pour dire qu’il fallait du temps. Et le temps joue en notre faveur. De toute façon, qu’on le veuille ou pas, il faut que l’Afrique s’affirme aujourd’hui qu’elle est vraiment l’Afrique. Et elle ne peut s’affirmer que si elle prend référence chez le créateur. Ce n’est pas par hasard que Dieu a mis des diamants dans les rivières ici. Il sait pourquoi il l’a fait. Donc nous avons un mode vie qui est en adéquation avec l’univers dans lequel nous vivons. Pour l’instant, c’est ce que nous essayons de faire. C’est vrai que ça a pris du temps. Mais ça a pris du temps pour que quatre générations soient présentes. Très peu de temps avant que la Mère Jah s’en aille, elle est devenue matriarche. C’est important spirituellement. C’est après que les choses se passent qu’on se dit ‘’ah… c’est à ce niveau qu’elle visait la vie…’’.

Est-ce qu’il y a de l’espoir que l’Afrique retrouve le chemin que vous prônez ?

D’abord, cela a été annoncé. En plus, si Dieu l’a fait annoncer à des gens, il y a des êtres aujourd’hui qui, quoi qu’étant en chemin, sont conscients qu’étape par étape on est obligé de revenir. On est en chemin, ça ne peut pas se faire de façon brutale. Je pense que c’est un travail qu’on doit faire ensemble. Il y a beaucoup de nos frères qui sont ministres, à tel ou tel poste qui ne peuvent pas descendre comme vous, vous êtes descendus à notre niveau ou je dirais montés à notre niveau. Petit à petit, on va y arriver.

On dit Père Jah, Mère Jah, est-ce au Bénin que vous avez eu ce sobriquet ou surnom, ou bien en Gadeloupe ? Autrement dit, quelle est l’histoire qui se cache derrière cette appellation ?

C’est une mission qui a commencé en sachant que nous avons une mère, nous avons sœur qui nous indique que nous devons rentrer en Afrique. Cette appellation a commencé quand nous nous sommes rendu compte que c’est vrai on peut le faire en communauté, mais il faut le faire aussi de façon familiale ; c’est-à-dire même s’il reste que nous, parce que ça a été difficile de retourner en Afrique, nous avons quand même un point commun qui passe par ce féminin. Et à un moment donné on s’est retrouvé tous deux, moi étant de la Diaspora ; elle du continent.

Et comment vous avez décidé de vous appeler Père Jah ?

Non, ce n’est pas moi qui me suis appelé Père Jah. C’est la Mère Jah qui m’a dit maintenant, tu dois être le Père Jah.

Comment elle s’est surnommée alors Mère Jah ?

Ce n’est pas elle qui s’est surnommée Mère Jah. De tout temps on l’a toujours appelée la mère. Même les Africains l’ont toujours appelée, même quand elle était jeune pour dire qu’elle doit être une mère divine, une mère Jah, qui ne tient pas compte de ce que vous êtes mais qui sait qu’elle doit vous servir de guide. C’est pour cela que chacun venait chercher conseils auprès d’elle, chacun s’adressait à elle. C’est une mère d’abord.

Et à l’origine, comment s’appelle le Père Jah ?

A l’origine, je m’appelle Mansah Maoudo (l’homme qui doit être le sage).

Est-ce votre nom à l’Etat civil ?

Bon, à l’état civil, je m’appelle leur nom machin que nous, nous renions. Peut-être qu’on le porte jusqu’à aujourd’hui. Mais, nous, nous avons toujours dit que nous nous appelons Elijah Adanjah dans le milieu Christian, pas chrétien.

 

Propos recueillis par J.B et N.A

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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