Africa Dev News est un média panafricain d'informations, d'analyses, d'investigations et de publicités, avec un focus sur le Bénin où il est basé.
Chaque 20 août, c’est la Journée mondiale du moustique. En prélude à la célébration de l’édition 2024 de ladite journée placée sous le thème ‘’Accélérer la lutte contre le paludisme pour un monde plus équitable’’, les responsables du Centre de recherche entomologique de Cotonou étaient à cœur ouvert, vendredi 16 août, sur les activités que mène le Crec dans le cadre de la lutte contre les moustiques, vecteurs de maladies telles que le paludisme.
Sous la tutelle du ministère de la Santé depuis l’an 2000, le Centre de recherche entomologique de Cotonou est l’ancienne Organisation de coopération et de coordination de la lutte contre les grandes endémies (Occge), qui dans les années 80 est devenue Crec. Structure de veille, selon son Directeur, Germain Padonou, le Crec a pour missions de collecter des informations, d’appuyer les programmes nationaux de lutte contre les maladies, notamment le Programme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) ; le programme national de lutte contre les maladies transmissibles. C’est une structure de conseils, qui souligne-t-il, coordonne la lutte anti vectorielle au Bénin et contribue à la formation tant au niveau national qu’international. « S’agissant des axes de recherche, nous évaluons les outils de lutte anti vectorielle : les moustiquaires imprégnées, les insecticides. Nous collectons de façon continue des informations, nous réalisons des missions sur le terrain pour suivre la densité des vecteurs, leur infectivité, et ces données sont reversées aux programmes nationaux pour les conseiller dans le choix des outils de lutte », a indiqué le Directeur du Crec en ajoutant que la validité de la qualité des produits de lutte anti vectoriels dans le cas de la santé publique incombe au Crec. « Même si le ministère de la santé veut utiliser un produit insecticide, ce produit doit passer par le Crec pour une étude de contrôle de qualité selon les normes de l’Oms », a fait savoir Germain Padonou. Au Centre de recherche entomologique de Cotonou, c’est deux départements pour deux domaines de recherche. Il s’agit du département Entomologie et celui de Parasitologie. Des propos du Directeur, le Crec est essentiellement financé par les partenaires dont le principal est l’Usaid, puis Bill & Melinda Gates Foundation. Le Centre fonctionne également sur les fonds d’appel à contribution, appels à projets au plan international auxquels il postule, et a une très bonne collaboration de partenariat de recherche avec l’Ird et l’Université d’Abomey-Calavi.
De la lutte contre les moustiques et le paludisme
Selon le Professeur Codjo Martin Akogbéto, Entomologiste médical, chercheur, membre de l’Académie nationale des sciences, arts et lettres du Bénin, patron du département Entomologie au Crec, il y a plusieurs espèces de moustique, et les maladies ne sont pas les mêmes suivant les espèces. « La lutte contre les moustiques au Bénin est basée sur deux principales interventions et sur une surveillance que nous faisons. La première intervention, ce sont les moustiquaires imprégnées que le Pnlp distribue. Quand le Programme distribue les moustiquaires, le Crec ne reste pas à l’écart… Le Crec va sur le terrain pour regarder la durabilité de ces moustiquaires, leur efficacité dans les ménages, le taux de couverture et si les gens dorment sous moustiquaire », a-t-il laissé entendre. La deuxième intervention, poursuit-il, c’est la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticide. « Le Bénin a 14 ans d’expérience dans le domaine de la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticide. Ce qui est heureux, dans les zones où on fait la pulvérisation intra-domiciliaire d’insecticide, nous avons constaté que la transmission du paludisme a été réduite de 80% », se réjouit le professeur Martin Akogbéto qui reste optimiste quant à l’élimination du paludisme. « Il ne faut pas croire que c’est un rêve… Demain, le paludisme sera éliminé. Nous ne serons certainement plus là. On va arriver à un stade où le paludisme ne sera plus un problème de santé publique. Quand on va atteindre le stade de l’élimination, on va passer au stade de l’éradication du paludisme », explique-t-il en apportant cependant la nuance qu’« à l’élimination, il y aura toujours des moustiques » comme c’est d’ailleurs le cas dans des pays occidentaux où « il n’y a pas le palu mais il y a toujours des moustiques ». Pour le Professeur Martin Akogbéto la base de la lutte contre les moustiques, c’est l’assainissement du milieu. Au Directeur du Crec d’ajouter que « dormir sous moustiquaire, c’est la meilleure des méthodes » de lutte contre le paludisme qui est causé par les moustiques Anophèles femelles à travers la transmission par piqûres du plasmodium.
Il faut préciser que du laboratoire de Biochimie et de biomoléculaire au laboratoire des bio essais en passant par l’Insectarium (où se fait l’élevage des différentes souches de moustiques) et d’autres salles, il y a un travail scientifique remarquable qui se fait au Crec, loin des bruits, par toute une équipe, sous la supervision du Directeur Germain Padonou et du professeur Martin Akogbéto.