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Elaborée en octobre 2012 et adoptée l’année suivante, la Politique nationale de l’assainissement et de l’hygiène (Pna) du Bénin est arrivée à terme depuis 2022. Dès lors, le processus en vue de l’adoption d’une nouvelle Pna est enclenché. S’il est une évidence qu’au cours de la dernière décennie il y a eu des avancées, par exemple en terme de lutte contre la défécation à l’air libre, et ce grâce au programme Paphyr, il est à reconnaître aussi, du moins aux dires de spécialistes, que la Pna passée « était minimaliste, caduque » avec « des insuffisances » au regard des réalités actuelles dans le sous-secteur de l’hygiène et de l’assainissement.de base. En effet, le document était antérieur à l’avènement des Odd.
C’est pourquoi, dans son actualisation en cours, il y a nécessité de prendre en compte les engagements pris postérieurement par le Bénin, au plan africain et à l’international, face aux enjeux et défis nouveaux dans le sous-secteur. Ces engagements sont contenus entre autres dans l’Agenda 2063, la Déclaration de Ngor et la vision africaine pour l’eau 2025, sans oublier qu’en 2021, le Conseil africain des ministres en charge de l’eau et de l’assainissement (Amcow) a lancé des lignes directrices pour les politiques d’assainissement en Afrique (Aspg) suite à l’évaluation, dans 26 pays sur le continent, des politiques et stratégies nationales. Il est impérieux de suivre donc ces lignes directrices africaines élaborées par Amcow dans l’élaboration de la prochaine Politique nationale d’assainissement afin d’accélérer la marche du Bénin vers l’ODD6.2, notamment l’accès des populations à un assainissement géré en toute sécurité à l’horizon 2030.
Quelques enjeux nouveaux évoqués…
Parlant des nouveaux enjeux, Félix Adégnika, au nom du Cadre de concertation des acteurs non étatiques du secteur de l’eau et de l’assainissement (Canea) a déclaré : « Depuis septembre 2015 la Communauté internationale a acté le droit humain à l’eau et à l’assainissement. Désormais c’est ancré dans le corpus juridique que l’eau et l’assainissement sont un droit humain capital, qui implique l’inclusivité, l’égalité et la non-discrimination, la durabilité des services et des installations, la redevabilité ». Il poursuit en faisant savoir que dans la mise en œuvre de la politique sur toute l’étendue du territoire, « la fourniture des autres services qui accompagnent, par exemple l’hygiène menstruelle, on doit assurer les kits dans les écoles à toutes les filles qui ont leurs menstrues, et on doit les accompagner avec l’eau parce que l’hygiène menstruelle a besoin de l’eau ». L’autre enjeu pour Félix Adégnika, c’est la participation du secteur privé. Il a aussi évoqué le lavage des mains à l’eau et au savon. Le gouvernement, ces dernières années, a certes fait des investissements massifs dans le secteur de l’eau et le sous-secteur de l’assainissement quant à la modernisation de la gestion des boues de vidange. Cependant, quelques goulots restent à lever et à prendre en considération : le faible portage politique, le manque de leadership, une structure en charge de l’hygiène et de l’assainissement de base noyée au ministère du cadre de vie avec un budget annuel squelettique et insignifiant alors que dans des pays environnants, il existe un ministère dédié au sous-secteur.
Mot d’assurance du gouvernement
Il faut souligner que c’est à la faveur d’un café media organisé par le Canea, avec l’appui technique et financier de Niyel, que le plaidoyer pour la prise en compte des lignes directrices africaines dans l’actualisation de la Pna, a été fait, avec en amont, la présentation aux journalistes, des Aspg et leur importance face aux enjeux de l’heure. C’était jeudi 4 juillet 2024 au Centre de formation aux métiers de l’eau à Cotonou. Outre les professionnels des médias, il y avait à cette rencontre, des représentants du Réseau béninois des femmes professionnelles de l’eau et de l’assainissement ; du Réseau béninois du Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau et le représentant du Directeur général du développement urbain (Dgdu). L’objectif du Canea, en initiant ce café média, étant de sensibiliser et d’engager les décideurs à accélérer le processus de relecture de la Pna du Bénin en vue de prendre en compte des lignes directrices de Amcow en la matière, Pie Djivo au nom de la Dgdu a salué l’initiative et « le travail important fait dans le passé » par le Canea dans le sous-secteur. « Je vais dire un grand bravo. L’administration aujourd’hui va continuer les efforts de travailler main dans la main avec le Canea pour nous permettre d’avancer. Nous, nous soutenons cette initiative. Le processus a été déjà engagé à travers l’inscription dans notre Pta, de la révision. Je vais vous demander d’être toujours derrière nous. Nous allons faire un effort pour que toutes les parties prenantes soient écoutées et contribuent à peaufiner ces termes de références. Comme je l’ai dit, tout change. Il y a eu de nouvelles thématiques qui ont été ajoutées : l’hygiène menstruelle par exemple. On va étudier ensemble pour voir la faisabilité technique, comment améliorer les choses. Je pense que nous avons intérêt à travailler ensemble pour avoir des documents consensuels. Nous vous garantissons notre appui, notre disponibilité. Nous sommes prêts à vous écouter, à partager avec vous nos inquiétudes…, pour que ce nouveau chantier qui est ouvert puisse être porté efficacement pour que ça donne de très bons fruits. », a laissé entendre Pie Djivo, représentant le Directeur général du développement urbain.
J. B.