Africa Dev News
Africa Dev News est un média panafricain d'informations, d'analyses, d'investigations et de publicités, avec un focus sur le Bénin où il est basé.

Santé publique: Que fait l’Etat béninois pour la sécurité des patients ?

Le président de l'Ars, Lucien Dossou-Gbété, face à la presse
0

 

Le 17 septembre de chaque année, c’est la journée mondiale de la sécurité des patients. Que fait l’État béninois pour garantir la sécurité aux patients aussi bien dans les établissements de santé de premiers contact que les établissements hospitaliers sur toute l’étendue du territoire national ? Éléments de réponse avec Lucien Dossou-Gbété, président de l’Autorité de régulation du secteur de la santé (Ars).

La sécurité du patient, en termes simples selon le président de l’Ars, est que « un malade qui vient chercher les soins ne doit pas subir le préjudice. Donc, préjudice zéro. Et, en plus de ça, le risque auquel il est exposé soit le plus faible possible ». Outre ces deux éléments qui « sont importants », Lucien Dossou-Gbété ajoute qu’en matière de sécurité, « quand on entre dans un établissement de santé, on doit pouvoir y trouver les indicateurs pour ressentir cela et pour être rassuré ». Suivant son propos, la sécurité est une composante de la qualité. Et, « en travaillant sur la sécurité des patients, on travaille en même temps sur la qualité des soins, qui est la base fondamentale ».

Profitant de la commémoration de l’édition 2024 de la journée mondiale de la sécurité des patients, il a déclaré à la presse, le mardi 17 septembre que dans le monde, on admet qu’il y a 01 patient sur 10 qui va subir un préjudice, et dans les pays à faibles ressources, on est à 3 millions de décès par an, en raison de ces préjudices. À en croire le président de l’Autorité de régulation du secteur de la santé, même les pays les plus riches sont confrontés à cette problématique. « Ce qui a fait que l’Oms s’en est saisie, en a fait un problème mondial et a mis en place un plan pour que ça soit réglé d’ici 2030 », souligne-t-il. En ce qui concerne le cas Bénin sur lequel il s’est attardé, il y a « de manière fréquente, quelques signalements de préjudices », sauf qu’il est à déplorer l’inexistence de chiffres.

Si au premier plan des préjudices, les médicaments sont pointés du doigt, il est également une évidence que généralement au lieu de voir du côté du système ou de l’organisation en place, « quand il y a un événement indésirable, on a tous la mauvaise habitude d’aller chercher qui est responsable, qui a mal fait… alors que la place de l’homme dans la survenue est faible », relève Lucien Dossou-Gbété. Justement, pour corriger tout ceci, et dans la logique d’une amélioration continue de l’offre et de la qualité des soins afin garantir la sécurité des patients, l’Ars a mis en place un dispositif dont le lancement du déploiement a été fait le 28 mars 2024 par l’Ars et le ministère de la santé.

Articles similaires
1 sur 11

Le dispositif pour la sécurité des patients en question

« Nous avons conceptualisé ce dispositif dans deux documents ; l’un pour les établissements hospitaliers, l’autre pour les établissements de santé de premier contact. Ces documents, on les appelle des manuels, qui seront distribués dans tous les établissements de santé>>, informe le président de l’Autorité de régulation du secteur de la santé au Bénin. Lucien Dossou-Gbété a ensuite dévoilé le contenu dudit dispositif qui servira de socle à l’évaluation, au contrôle et au classement, chaque trois ans, et ce à partir de fin 2025, des établissements de santé puisqu’un delai d’un an leur est donné pour se mettre au pas quant aux critères essentiels à respecter pour « la première marche de cet escalier pour aller vers la qualité ».

Conçu dans une approche participative et suivant 04 principes dont la coconstruction ou l’implication de toutes les parties prenantes, les étapes de prévalidation puis de test dans 07 departements du pays pour 22 établissements de santé visités, et le réajustement en cas d’éventuels amendements venant d’autres acteurs du secteur, le dispositif est, en résumé, l’ensemble des dispositions politiques (institutionnelles, réglementaires) et pratiques (organisation, équipement en matériels, ressources humaines, procédures…) dont la présence et le bon fonctionnement dans un établissement de santé témoigne que la sécurité des patients y est la priorité et que l’établissement ainsi que les professionnels de santé recourent aux meilleures pratiques en matière de soins.

Le dispositif élaboré par l’Ars est inspiré des documents de l’Organisation mondiale de la santé et s’est appuyé sur 03 repères logiques. Dans un premier temps, il y a la direction de l’établissement et la gouvernance/gestion ; l’implication des patients et de la communauté ; les pratiques cliniques sécurisées ; un environnement sécurisé et un apprentissage continu. En deuxième lieu, il y a les normes. Au nombre de 21 pour les établissements hospitaliers et 19 pour les établissements de santé de premier contact. Enfin le troisième repère logique, ce sont les critères. Ils sont classés en critères essentiels, critères fondamentaux et en critères avancés. On en dénombre 134 pour les établissements hospitaliers et 125 pour les établissements de santé de premier contact. Aux dires du président de l’Ars, avec la mise sur pied de ce dispositif et des évaluations rigoureuses qui vont suivre, des données qui sont des denrées rares, seront désormais disponibles avec une carte sanitaire de 3000 établissements géo-localisables. «Ce travail a été fait parce qu’il y avait un défi à régler », déclare M. Dossou-Gbété

L’état des lieux avant avant l’élaboration du dispositif

C’est à croire qu’il n’y avait pas la sécurité des patients dans les établissements de santé de premier contact et les établissements hospitaliers du Bénin avant l’installation des membres de l’Ars en septembre 2022 et l’avènement du dispositif en cours de déploiement? À cette préoccupation, le président de l’Autorité de régulation du secteur de la santé a précisé qu’«il y a des choses qui étaient faites, mais ces choses n’ont pas conduit aux résultats ». Peut-on alors conclure qu’on va à l’abattoir quand on sait que jusque-là on continue de recourir à ces différents établissements sanitaires pour les soins? « Vous n’allez pas à l’abattoir. Vous êtes dans certaines circonstances, pour certains actes, plus exposés à des risques.[..] Le minimum que nous admettons dans le cadre du dispositif, il n’existe pas. S’il existait, ce ne serait pas la peine de faire ce qu’on veut faire […] », a laissé entendre, pour finir, Lucien Dossou-Gbété.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre navigation. En poursuivant, nous considérons que vous acceptez leur utilisation. Toutefois, vous avez la possibilité de vous y opposer si vous le souhaitez. Pour plus d'informations ou pour modifier vos préférences, consultez notre politique de confidentialité AccepterLire la suite