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Arrêt sur image ! Léon Comlan Ahossi à la cérémonie de lancement des travaux d’aménagement et de bitumage de la route Adjaha-Athiémè et ses bretelles. Sur les éléments comptes rendus de l’événement à la télévision comme sur les réseaux sociaux, courant mi-novembre 2024, on aperçoit aisément l’élu parlementaire de la 17ème circonscription électorale aux côtés des autorités politico-administratives et de ses collègues députés du camp présidentiel, de la même zone. Même si l’image est passée sous silence, n’ayant suscité presque pas de curiosité, elle mérite tout de même qu’on s’y attarde. Et à juste titre.
En effet, pour un opposant de la trempe de Léon Comlan Ahossi, ce n’était pas évident. Du moins, d’autres dans les mêmes conditions, brilleraient par leur absence à cette invitation officielle. Ils pourraient arguer qu’il s’agit d’une activité du pouvoir ou de Patrice Talon dont ils ne partagent pas la vision quant à la gestion du pays. Pourtant le colonel des douanes à la retraite n’est pas moins critique et un dur à cuire.
Seulement, à y voir de près, l’on n’aurait pas tout faux en affirmant que Léon Comlan Ahossi sait faire, lui, le distinguo. Entre Patrice Talon intuitu personae, Patrice Talon institution, la gouvernance de la Rupture et une œuvre de développement au profit de la population ou de l’intérêt général, le vieux routier d’Athiémé, de par l’humilité, la lucidité, la sagesse et la méthode qui le caractérisent, sait compartimenter. Autrement dit, quand vint le moment, Léon Comlan Ahossi sait se transcender en rangeant d’abord de côté les considérations d’ordre politique. Et, devoir de mémoire, il n’est pas à son premier acte parlant.
Tenez ! De retour en séance plénière au Parlement, le 2 novembre 2023 après de longs mois d’absence pour raison de santé, le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, Léon Comlan Ahossi va prendre la parole au cours des débats consacrés au vote du rapport d’activité du président Louis Vlavonou pour exprimer sa gratitude à l’endroit de ses collègues, tous bords politiques confondus. « je voudrais avant de parler du rapport , saluer toute la communauté parlementaire pour la proximité dont j’ai bénéficié. Ça m’a permis de savoir qu’au-delà de nos différences idéologiques nous nous comportons comme les membres d’une même communauté>>, avait-il déclaré. Mais ce qui a marqué ici, c’est la posture du deuxième vice-président du parti d’opposition Les Démocrates. Il s’était mis debout. <<Je me permets de me lever pour saluer mes collègues», lâcha l’élu, qui sera chaleureusement applaudi par tout l’hémicycle.
L’ Acte 2, qui avait d’ailleurs provoqué moult réactions dans l’opinion, c’était quelques semaines plus tard, lorsque le parlementaire Ahossi ôta son chapeau et s’inclina pour serrer la main tendue du chef de l’État Patrice Talon, qui recevait en audience, fin novembre 2023, à la Présidence de la République, une délégation du parti Les Démocrates conduite par l’ex chef de l’État, Yayi Boni pour discuter de l’audit du fichier électoral dans la perspective des élections de 2026. C’est un geste qui a alimenté les débats, tant les avis étaient partagés sur la nécessité ou non de le faire pendant que les deux autres vice-présidents avaient gardé les leurs sur leurs têtes.
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L’autre fait, également de grande portée, s’est déroulé vendredi 8 décembre. Coup de tonnerre ! Le président Ahossi vote en faveur du projet de loi de finances gestion 2024, prenant ainsi le contre-pied de la position de ses 27 autres collègues du même groupe parlementaire ‘’Les Démocrates’’. À l’opposé, ce choix singulier a été ovationné par les députés de la majorité présidentielle. Qu’il vous souvienne, Léon Comlan Ahossi avait bénéficié d’une standing ovation de plusieurs minutes sous les regards stupéfaits de ses coéquipiers qui, visiblement, avaient suivi à la lettre le mot d’ordre du parti. « J’ai suivi de près le débat budgétaire, les présentations des ministres sectoriels, j’ai assisté à l’essentiel. Concernant le vote du rapport général, je tiens à préciser que ce vote a été unanime. Les 109 députés de toutes tendances confondues, ont voté. Nous avons tous voté en faveur du rapport général. Or, le rapport général représente déjà le budget. Tout ce qui y est contenu, les amendements que nous y avons introduits, nous sont présentés, puis nous votons. Les Démocrates ont voté>>, s’est expliqué après le député sur une station de radiodiffusion.
Pour lui, il n’y avait pas de raisons valables pour émettre un vote contre le document. « J’ai appelé le président du parti. Je lui ai dit que je vote, que je donne mon vote positif au budget. Nous avons échangé un peu, puis nous nous sommes séparés. Voilà les conditions dans lesquelles j’ai dit à mes camarades que je suis un peu indépendant. Si je n’ai pas d’argument, je ne peux pas faire autre chose>>, s’est défendu Léon Comlan Ahossi, droit dans ses souliers. « Ils le savaient, je n’ai dribblé personne. Peut-être que j’ai driblé le pouvoir qui ne savait pas que j’allais voter. Mais mes collègues savaient, et je leur ai dit que ma décision était sans recours, que j’allais voter>>, conclut le deuxième vice-président du Parlement béninois, 9ème législature.
Et pourtant, s’il faut rester toujours collé aux faits, ces positions « surprenantes » pour certains, ne mettent pas le système Talon à l’abri des tacles ou critiques acerbes de cette figure politique de l’opposition connue pour son tempérament calme. Au sein ou hors de l’hémicycle, il n’a pas sa langue dans sa poche quand il s’agit de relever les incohérences, les injustices ou la mal gouvernance au sommet de l’État. Louis Vlavonou, au perchoir de l’institution parlementaire, bien qu’ayant été son frère d’armes, lui-même colonel des douanes à la retraite, en essuie des rafales sur sa gestion et ses rapports d’activité. Et il faut le souligner, Léon Comlan Ahossi n’est pas à ses débuts dans le landerneau politique au Bénin. Sous le gouvernement du président Yayi Boni, alors qu’il avait été nommé ministre de l’Environnement, il avait décliné l’offre dans sa position tranchée d’opposant. Il était, à l’époque, membre du redoutable G13 à l’Assemblée nationale.
Somme toute, et vraisemblablement, ce passé et ce présent de M. Ahossi militeraient en sa faveur quant au respect et l’estime que lui vouent nombre d’acteurs dans l’opinion. Pour preuve, en juillet 2024, lorsqu’il s’est agi de répondre aux propos du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale sur la présence supposée de bases militaires françaises dans le nord-Bénin, le porte-parole du gouvernement, n’a pas manqué d’exprimer cette considération qu’il a à l’égard de l’officier supérieur des douanes à la retraite. <<Notre père, parce que c’en est>>, a déclaré d’entrée Wilfried Léandre Houngbédji désignant l’élu du parti « Les Démocrates » dans la région Athiémé-Comè-Grand-Popo. Et M. Houngbédji d’ajouter : <<traditionnellement, on lui reconnaît certains sens de responsabilité…>>. Ainsi, Léon Comlan Ahossi aperçu au lancement des travaux d’aménagement et de bitumage de la route Adjaha-Athiémè et ses bretelles, cela lui ressemble. Il est resté égal à lui-même, sommes-nous tenté d’insinuer.
