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Les travaux du symposium annuel, édition 2024 de l’Institut des artisans, de justice et de paix du chant d’oiseau (Iajp-co) de Cotonou, ont démarré vendredi 22 novembre après le discours de lancement de Monseigneur Aristide Gonsalo, Evêque de Porto-Novo, président de la commission Justice et paix au sein de la Conférence épiscopale du Bénin. Placé sous le thème « Bonne gouvernance et lutte contre le terrorisme : responsabilité des acteurs nationaux », ce rendez-vous, organisé avec l’appui financier de la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), a mobilisé un public pluriel composé de jeunes, de femmes, d’universitaires, d’acteurs politiques, de figures de la société civile, de cadres représentant des institutions de la République, de prêtres religieux et de représentants de diocèses, venus des quatre coins du Bénin.
Le symposium, en effet, se veut un cadre pour échanger sur les causes et conséquences du terrorisme en Afrique, proposer une approche intégrée, efficace et coordonnée de lutte contre ce fléau à travers des mécanismes de la bonne gouvernance. Mal systémique, selon les propres mots du Directeur de l’Iajp-co, il va s’appuyer sur la Doctrine sociale de l’Eglise pour définir le terrorisme comme « une des formes les plus brutales de la violence qui bouleverse aujourd’hui la communauté internationale : il sème la haine, la mort, le désir de vengeance et de représailles ». Citant ensuite Francis Ford Coppola, l’Abbé Arnaud Eric Aguénounon déclare : « Le fond du problème du terrorisme, c’est l’injustice, la pauvreté, l’exclusion. Il faut le traiter en supprimant ces causes ». Et pour lui qui a confié avoir effectué une tournée récente à l’intérieur du pays notamment dans des écoles primaires catholiques, les inégalités sont perceptibles entre ces zones qu’il a qualifié de Bénin profond et le Bénin des belles prouesses infrastructurelles de Cotonou, la métropole. « Face à une réalité aussi troublante, la patrie nous lance un cri strident de mobilisation et d’actions urgentes et prévenantes », clame dans son discours de bienvenue le Père Directeur de l’Ajp-co, philosophe écrivain, Arnaud Eric Aguénounon. En guise d’exhortation à l’endroit des acteurs nationaux principalement, il a partagé une réflexion de l’ancien président Israélien Shimon Peres : « Si l’on part se battre contre le terrorisme, il revient à notre porte. Ce qu’il faut, c’est se battre contre les raisons du terrorisme : le sentiment d’infériorité, le manque d’éducation, de médicaments, de nourriture, la discrimination des femmes… »
Au nom de la communauté scientifique, le Recteur honoraire de l’université d’Abomey-Calavi (Uac), Maxime da Cruz, dans son intervention va remercier l’Iajp-co qui offre cette occasion aux différentes composantes du pays de se parler, « convaincu que tant que nous parlons, nous éliminons les raisons de nous battre, de nous entretuer, d’utiliser les moyens les plus cruels pour nous détruire », a-t-il laissé entendre. « Je voudrais que nous ayons une pensée pour ces jeunes qui se laissent manipuler, qui généralement ne savent même pas de quoi il s’agit. Mais qui parce qu’ils font face à des difficultés deviennent des proies faciles », a fait observer ensuite le Professeur da Cruz, soulignant que le symposium de l’Iajp-co se tient au même moment qu’un colloque sur le campus de l’Uac, qui porte sur l’idéal humain. « Il n’y a pas de hasard. Qu’est-ce que nous ambitionnons pour notre monde ? Que visons-nous ? Que faisons-nous pour que le vivre ensemble se fasse au profit de nous tous et de nous toutes. Que faisons-nous pour que dans notre société, dans nos communautés chaque citoyen et chaque citoyenne se sente pris en charge et écouté ? », interroge l’ex Recteur de l’Uac. Pour Kévin Anvo, représentant la Représentante résidente de la KAS à Abidjan, Dr Stefanie Brinkel, les enjeux autour du terrorisme sont aussi bien nationaux, sous régionaux, régionaux qu’internationaux. « Le terrorisme vise à démanteler les droits humains, les libertés fondamentales et la démocratie. Il menace l’intégrité territoriale et la sécurité des nations. Il cherche à déstabiliser les gouvernements légitimes et à effondrer l’Etat de droit », soutient-il. Dans la recherche de pistes de solutions pour « contrer cette menace au visage invisible », Kévin Anvo, au nom du partenaire financier, admet qu’il faut plutôt s’intéresser « aux causes et en travaillant aux solutions liées au développement durable, à la bonne gouvernance pour le plein épanouissement des populations ». Selon son propos, le nexus entre bonne gouvernance et lutte contre le terrorisme est imparable et indéniable… Et pour y arriver, il insiste sur l’impérieuse nécessité pour toutes les forces vives de la nation d’unir les forces pour promouvoir la paix et la sécurité. C’est donc à juste titre que M. Anvo dit garder espoir quant à la tenue de ce symposium qui « permet de mettre à profit une profusion de données, d’expériences et de connaissances sur le présent sujet ».
Le mot d’ouverture officielle des travaux
Procédant au lancement des travaux de cette 22ème édition du symposium qui vient couronner les différents rendez-vous scientifiques organisés tout au long de l’année par l’Iajp-co sur le thème ‘’La coopération internationale et les défis contemporains en Afrique », Monseigneur Aristide Gonsalo, Evêque de Porto-Novo chargé de la commission Justice et paix au sein de la Conférence épiscopale, a exprimé sa gratitude à la KAS pour son accompagnement. « Nous ne pouvons pas rester insensibles et tranquilles en voyant nos projets, nos activités et même nos vies inlassablement menacées et assez fréquemment bouleversées par les attentats terroristes », affirme-t-il en saluant « les efforts consentis par l’Etat béninois en vue d’une réponse militaire efficace ». Cependant, Mgr Gonsalo s’inscrit également dans la logique qu’il faut aller au-delà. « On ne peut pas venir à bout de la terreur, c’est-à-dire de la force opposée au droit et coupée de la morale, par le seul moyen de la force », fait savoir le prélat dans ce rappel de propos du Pape Benoît XVI dans une conférence sur le terrorisme et ses effets dévastateurs. « Une telle réponse ne fait qu’endiguer le mal sans toujours arriver à l’éradiquer. Se contenter d’une riposte reviendrait à tenter de résoudre un mal sans s’attaquer sa racine. Il faut répondre au danger sur le long terme et agir à tous les échelons. Il n’existe pas une solution unique pour lutter contre le terrorisme. Il est vrai qu’on ne saurait réduire les causes du terrorisme à la pauvreté et au faible niveau d’éducation. Mais il est tout aussi vrai que l’activité terroriste trouve un terreau favorable dans l’illégale répartition des ressources et des biens. (…). Face au terrorisme et à l’extrémisme violent, il est indispensable que les gouvernants mettent l’accent sur l’éradication des causes profondes de ces fléaux notamment en promouvant l’adoption de politiques qui favorisent la bonne gouvernance » conclut l’Evêque de Porto-Novo chargé de la commission Justice et paix au sein de la Ceb.
Menu du symposium

Après l’ouverture des travaux, quatre communications suivies de débats, axées sur des problématiques dérivées du thème du symposium, ont meublé la première journée.
Ce samedi 23 novembre, ultime journée, un panel de haut niveau a réuni des personnes averties sur le sujet. L’appel de l’Iajp après les échanges boucle les travaux dans l’après-midi.
