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Crise Bénin-Niger: Le cri de cœur d’un acteur portuaire, Patron d’une société de transit

Mama Taïrou Touré, acteur portuaire, plaide pour la normalisation des relations entre le Bénin et le Niger
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Dans une émission, ‘’L’entretien’’, diffusée il y a quelques jours sur la télévision privée Eden Tv, Mama Taïrou Touré, Administrateur des transports, Commissionnaire agréé en douanes et président directeur général de la société internationale de transit Touré (Sitt) s’est attardé sur les conséquences de la crise entre le Bénin et le Niger sur les acteurs de la plateforme portuaire à Cotonou. Le tableau présenté de la situation est préoccupant. S’il faut le résumé, « ça ne va » et « il faut essayer toutes les solutions » pour un dénouement rapide de la crise.

« La crise Bénin- Niger vue par la communauté portuaire ». C’est le thème qui a servi de charpente à ce numéro de ‘’L’entretien’’. « Depuis juillet jusqu’à maintenant, ça fera bientôt 11 mois. Nous sommes vraiment dans une déception totale. Le moral est bas à tous les niveaux », a confié d’entrée le président directeur général de la société internationale de transit Touré (Sitt), Mama Taïrou Touré. « Quand vous avez des clients comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso qui constituent environ 60% de votre volume qui s’en vont d’un seul coup ; on ne peut pas dire que ça va normalement. Ça ne va pas, nous sommes tous touchés (…) Trois grands partenaires avec qui vous êtes en coopération tout le temps depuis des années, (…) qui, du coup, disent qu’ils ne sont plus avec vous et ils s’en vont avec leur volume d’affaires qu’ils vous amenaient. 60% de tout le volume portuaire, desquels le Niger lui seul a 40%. Nous sommes dans un désarroi terrible », alerte l’invité de Donklam Abalo. Pour lui, chacun des peuples des pays frappés par cette crise, souffre à sa manière des affres. « Mais ceux qui souffrent le plus sont ceux-là qui ne vivent que de cela à 60% ; c’est nous autres. Nous souffrons beaucoup plus que le Niger. », a-t-il indiqué.

Administrateur des transports et Commissionnaire agréé en douanes qu’il est, il fait remarquer que le peu de marchandises qu’il y a aujourd’hui « et qui nous fait vivre, cahincaha, c’est pratiquement le trafic du Bénin, qui a lui seul ne peut faire l’affaire ». Pour étayer son propos, Mama Taïrou Touré souligne : « Vous avez aujourd’hui les transporteurs qui ne transportent plus ; les opérateurs portuaires tels que les sociétés de manutention qui ont réduit de 60% leur volume d’opération ; donc 60% de leurs chiffres d’affaires. Le Port autonome de Cotonou, qui lui-même vivait de l’arrivée des navires, les navires ont été réduits. Donc les chiffres d’affaires du Port, sont aussi réduits. Quand nous allons à la douane, la plus grosse régie financière, elle aussi a subi le coup. Les recettes douanières ont aussi baissé, qu’on le veuille ou non. La plateforme ainsi présentée, tout le monde est touché ».

L’acteur portuaire est allé au-delà en citant d’autres victimes collatérales de la fermeture de la frontière côté Niger ou du côté béninois sur le fleuve Niger. « Vous quittez Cotonou, tel que vous aviez l’habitude de voir le flux de camions et principalement de la zone de Parakou jusqu’à Malanville, ce n’est pas ça qui existe aujourd’hui. Vous avez arrêté là, tout ce qui est transporteurs, tout ce qui est mécaniciens, tout ce qui est électriciens, tout ce qui est bonnes dames avec des petits kiosques… ».

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« (…) j’ai dégraissé mon effectif de plus de 40%. (…) Certains de nos confrères ont fermé carrément »
De façon concrète, pour montrer à quel point la communauté portuaire subit de plein fouets la crise entre le Bénin et le Niger, Mama Taïrou Touré, président directeur général de Sitt Bénin est allé jusqu’à prendre l’exemple de sa propre entreprise. « Nous subissions, nous sommes les victimes collatérales de la situation. Moi par exemple j’ai dégraissé mon effectif de plis de 40%. Je ne les ai pas licenciés, mais suspendus. On leur donne quelque chose. C’est la conséquence d’un fait qui ne dépend pas de nous. Ils en sont conscients parce que si entre temps vous faites entre 200 et 300 containers le mois et que vous êtes réduit aujourd’hui à 5 ou 10, les charges étant là, incompressibles, il faut voir là où on peut compresser. Et quand la situation se présente, ce sont les charges salariales et autres qu’on est obligé de couper. Donc on a coupé les rations à tous les niveaux », explique-t-il en précisant que Certains de ses confrères « ont fermé carrément ». Et pour cause, ces derniers ne font que leurs affaires sur les trois pays de l’hinterland, à savoir le Niger, le Mali et le Burkina-Faso qui se sont retirés de la Cedeao.. « Quand ces zones sont fermées aujourd’hui, ils n’ont plus d’activité. Conséquence, ils (ses confrères Ndlr) ont fermé en attendant la réouverture. Nous, nous sommes encore là parce que nous avons certains de nos clients dans ces pays de l’hinterland avec qui nous continuons de traiter. », a déclaré Mama Taïrou Touré.

« Il faut essayer toutes les solutions »
Face à la situation, et bien avant la médiation entreprise par les anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Yayi Boni, les acteurs portuaires notamment les opérateurs, ne sont pas restés les bras croisés. « Nous nous sommes déplacés en direction de nos autorités en leur faisant savoir que cette crise n’est pas née de nos actions mais qu’elle est purement politique. (…) Le président Talon a reçu la communauté portuaire et a touché du doigt la réalité de la crise ; ce qui lui a permis de comprendre les déficits que chacun enregistrait à son niveau. Juste après, il s’est déplacé. Il faut lui reconnaître cela. Il a mené des actions en direction de la Cedeao pour plaider l’ouverture des frontières. (…) et la Cedeao a ordonné l’ouverture des frontières. C’était un ouf pour nous. Mais c’était sans compter avec la position du Niger qui va maintenir fermée sa frontière… », a laissé entendre l’invité de ‘’L’entretien’’ sur Eden TV. La situation n’ayant pas évolué entre temps, en dépit de l’ouverture côté Bénin de la frontière, les opérateurs portuaires, toujours à la recherche de solutions se sont portés vers d’autres interlocuteurs. « Quand le Niger persistait, nous sommes repartis voir nos ministères de tutelle, en commençant par le ministère du commerce. Nous sommes partis faire des propositions de médiations… », a fait savoir le patron de Sitt Bénin. Avant que les président Yayi et Soglo ne s’engagent dans la foulée dans la conciliation des parties, Mama Tairou Touré a expliqué que de leur côté, eux, ils avaient proposé à l’autorité, des noms de personnalités béninoises dont le président Soglo mais aussi, l’ancien président Obasanjo du Nigeria… « Il faut essayer toutes les solutions puisqu’on ne sait d’où le bonheur peut sortir », a conclu l’invité du présentateur Donklam Abalo.

J.B

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