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Bénin: Me Barnabé Gbago relève des injustices dans la mise à la retraite d’office d’agents des Fds

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Avocat au barreau du Bénin, Me Barnabé Gbago tire à boulets rouges sur la décision du gouvernement qui a mis à la retraite forcée plus de 1000 fonctionnaires des Forces de défense et de sécurité (Fds). Dans une interview sur une web télévision, E-News, le professeur de Droit et ancien doyen de la Faculté de droit et de science politique a relevé des injustices dans le travail qui a été fait.

Au Bénin, en dépit des récentes explications du chef de l’État Patrice Talon, les critiques ne tarissent pas quant à la mise à la retraite d’office de 1074 fonctionnaires au sein de la Police républicaine; des Eaux, forêts et chasse; des Douanes et de l’Armée. « Les gens les plus éclopés sont là et on prend les plus aptes au travail, on les met à la retraite. On a l’impression qu’il y a un règlement de compte », déclare Me Barnabé Gbago interviewé par la télévision en ligne E-News. «Les gens qui ont fait 38 ans de service, sont encore là, alors qu’on dit que d’autres ont fait 20 ans de service effectif et on les met à la retraite. Si on doit mettre les gens à la retraite, c’est de commencer par le bout : ceux qui ont fait plus d’années. Les gens qui ont fait 38 ans, 35 ans, 30 ans de service effectif(…). Donc, il ne faut pas prendre comme ça des listes au hasard et penser que ceux qui sont affectés ne vont rien dire parce qu’évidemment il n’y a pas de syndicat », relève-t-il. Le praticien du Droit se surprend même que dans le lot des Agents mis à la retraite forcée, il y a certains qui ont été distingués ou récompensés ; preuve du dévouement au travail et de l’exemplarité. Selon Me Barnabé Gbago, le gouvernement s’est certes appuyé sur une loi « mais encore faudrait-il le faire de façon rationnelle et non de façon irrationnelle », laisse-t-il entendre en martelant qu’une loi doit être impersonnelle. « La loi dit même que le Directeur ou la Directrice devait pondre un rapport individuel sur ces éléments qu’on envoie à la retraite. Or, à l’heure actuelle, lorsque vous vous attardez un peu sur les listes, vous verrez très bien qu’aucun rapport individuel n’a été fait. On a mis dans le texte suivant tel rapport, vu tel rapport. Mais le rapport n’existe pas puisque c’est le même texte qui a été remis à chacun d’entre eux. S’il y avait un rapport, le rapport aurait été motivé », affirme le professeur de Droit. Et d’ajouter : « On ne peut pas prendre une loi d’une telle sévérité sans un rapport, un rapport qui puisse dire ce pourquoi on a mis tel ou tel à la retraite. (…) Soit la loi doit être reprise, soit elle doit aller jusqu’au bout. On doit exécuter à la lettre ce que dit la loi ».

A propos de la  »pyramide inversée » au niveau des Fds

En conférence de presse le 8 février 2024, l’un des arguments avancés par le président Patrice Talon pour justifier le bien-fondé de l’acte est qu’au Bénin la pyramide des Forces de défense et de sécurité est inversée ; c’est-à-dire que le personnel de commandement dépasse le nombre de personnes à commander. Il faut donc corriger cela pour mieux faire face aux enjeux sécuritaires de l’heure. «(…) Si entre temps, il y a un laisser-aller et que la pyramide est inversée, vous n’allez pas vous en prendre à ceux qui sont encore jeunes et qui ont des grades élevés, des officiers, des officiers supérieurs. Ce n’est pas de leur faute… Il faudrait un audit pour savoir pourquoi cette pyramide est inversée », rétorque l’universitaire et avocat à la Cour.

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Quid des agents qui ont fait des prêts bancaires ?

C’est une décision qui a surpris tout le monde. Et dans un tel contexte, Me Barnabé Gbago se préoccupe des fonctionnaires  »victimes » qui ont contracté des prêts bancaires sur la base de leurs primes. « Voilà que vous les mettez d’office à la retraite. Alors, dites-moi comment est-ce qu’ils vont rembourser les crédits ? », s’interroge-t-il. Et il poursuit : « Si effectivement il y a du social, alors il faudrait que l’Etat rembourse ces crédits que ceux-là ont pris puisque ceux-là ne savaient pas du tout qu’ils iraient à la retraite. Évidemment, parmi les pièces qu’on leur a demandé de fournir, il y a une attestation de revenu annuel, la domiciliation des primes à la banque et la preuve qu’on est au moins à 7 ans de sa retraite… Et à deux, trois jours on apprend qu’on est à la retraite ». Pour le spécialiste du Droit, les instances habilitées doivent dire le droit dans cette affaire. « J’ai bonne foi que si ceux-là saisissent le juge administratif, le juge administratif va annuler ces mesures parce que la loi c’est la rigueur », souligne Me Gbago. Au regard de toutes ces incriminations, il soupçonne que Patrice Talon et le ministre Romuald Wadagni aient été floués dans la prise de la décision. « Je pense que ceux qui ont signé ce décret, que ça soit le président de la République, que ce soit le ministre de l’Economie et des finances, je ne suis pas sûr qu’ils soient informés de la manière dont les listes ont été confectionnées parce qu’il y a une injustice flagrante », conclut-il.

J.B.

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